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XXème siècle

Un Abri de Protection

Oeuvre 1

Merzbau

Kurt Schwitters, 1919-1933

Hanovre

 

Le contexte de l'oeuvre :

L'europe en 1919 : Merz Mot inventé par Schwitters pour désigner sa création à partir de 1919. Comme dans sa pratique du collage, l’artiste s’est servi d’une partie du mot " Kommerz ", dont il n’expliqua jamais le choix sinon en indiquant qu’il fut tout à fait arbitraire. Le courant artistique ainsi désigné n’est illustré que par un seul artiste : Schwitters lui-même. À l’instar des dadaïstes zurichois avec " Dada ", Schwitters, avec cette syllabe sans aucune signification directe, refuse les dénominations stylistiques formalistes et se situe d’emblée dans un autre ordre d’idées - celui de la création intuitive moderne. Ce pas important dans sa création a lieu en 1919, moment où il commence à exposer des collages et des assemblages à Berlin. Le premier manifeste de la peinture Merz (Merzmalerei) paraît dans la livraison de juillet de la revue Der Sturm. La démarche de Schwitters prend un sens tout à fait particulier dans la perspective de l’épuisement des "ismes" dans l’art.

Si le mot Merz n’a aucune signification directe, il a néanmoins pour une oreille allemande une résonance psychologique, une tonalité que l’on pourrait définir comme un mélange manipulation instinctive-association-synthèse, qui correspond parfaitement à la démarche de Schwitters. En 1924, répondant à Lissitzky et Arp qui voulaient obtenir de lui une définition pour leur livre les Ismes dans l’art, Schwitters lançait : " Merz : tout ce que l’artiste crache c’est de l’art ".

Kurt Schwitters, Merzbild, 1921 

Peinture et collage de matériaux hétérogènes récupérés.

 

Le Merzbau :

À partir du début des années vingt, Schwitters commence à aménager dans sa propre maison de Hanovre un environnement dadaïste. Proche de l’atmosphère qui préside aux aménagements des salles de la Erste internationale Dada-Messe de Berlin, cet environnement va devenir une des oeuvres majeures de l’art du XXème siècle.Cette construction envahit peu à peu toute la maison de l’artiste. En partant du premier étage où est situé l’atelier, Schwitters annexe le deuxième en perçant le plafond et conduit des prolongements du Merzbau vers le sous-sol. À l’instar de ses assemblages, le Merzbau est composé d’éléments géométriques, et en même temps d’objets trouvés (morceaux de poupées, miroir brisé, souris vivante...). Schwitters appelle cette construction " Cathédrale de la misère érotique " : tout un programme pour l’approche des sources de sa création artistique. Dans cet environnement ont lieu les soirées dadaïstes que Schwitters organise régulièrement et où il récite ses poésies. Il demande parfois à ses amis dadaïstes (Hausmann, Hoech) d’y contribuer.

 

Le Merzbau devient ainsi une oeuvre collective. Cette oeuvre en devenir que l’artiste fait évoluer en permanence est détruite au cours des bombardements de 1945. Réfugié en Norvège à la fin des années trente, Schwitters essaie de réaliser une deuxième construction Merz dans la grange de la maison qu’il habite dans les environs d’Oslo, mais cette construction, elle non plus, n’a pas survécu. À la fin de sa vie, l’artiste réalise une troisième construction Merz en Angleterre, dont les restes sont conservés aujourd’hui au musée de l’université de Newcastle upon Tyne. Schwitters attribue une importance tout à fait particulière à l’idée du Merzbau, oeuvre qui devait constituer la démonstration définitive et totale de l’art moderne en tant qu’image cosmique et manière de vie de l’homme moderne imaginée par l’artiste. Cette idée est partagée au cours des années vingt par plusieurs autres artistes.

 

Citons pour exemple les environnements futuristes de la Casa d’Arte Bragaglia de Rome, le Prounenraum de Lissitzky (1923), ou le projet d’aménagement néo-plastique de l’appartement d’Ida Bienert à Dresde par Mondrian. Dans la perspective de son exposition " Der Hang zum Gesamtkunstwerk ", Harald Szeemann entreprend en 1980 la reconstruction du Merzbau de Hanovre.

L’oeuvre réalisée par Peter Bissegger d’après les directives de Szeemann est aujourd’hui conservée au Sprengel Museum de Hanovre. Le Merzbau de Hannovre reconstitué dans ses couleurs d'origine.

 

Courant Artistique :

Dadaïsme : (ou Dada) mouvement artistique et littéraire Européen (All., Suisse, Fr.), entre 1916 et 1925, qui se caractérisa par une remise en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, artistiques et politiques, mettant en avant l'esprit d'enfance, le jeu avec les convenances et les conventions, le rejet de la raison et de la logique, l'extravagance, la dérision et l'humour. Ses artistes se voulaient irrespectueux, extravagants, affichant un mépris total envers les « vieilleries » du passé comme celles du présent qui perduraient. Ils recherchaient la plus grande liberté de créativité, pour laquelle ils utilisèrent tous les matériaux et formes disponibles. Ils recherchaient également cette liberté dans le langage, qu'ils aimaient lyrique et hétéroclite.

 

Pour Approfondir :

Documentaire montrant la reconstruction du Merzbau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mots clefs : Dada, Dadaïsme, Art Dégénéré, Installation, œuvre « in situ ».

Oeuvre 2

Tee Hut

Tadashi Kawamata, 2009

Château de Vez, France

 

Description de l'oeuvre :

La Basse-cour, qui abritait initialement les écuries, les magasins et les réserves du Château de Vez, accueille aujourd’hui une installation de l’artiste japonais Tadashi Kawamata. Né à Tokyo en 1953, reconnu sur la scène internationale, il a fait du bois son matériau de prédilection.

L’œuvre in situ, suspendue dans les arbres, est emblématique du travail de l’artiste, qui par des constructions improbables, modifie notre perception du lieu et nous invite à l’expérimenter différemment.

 

Démarche de l'artiste :

Sculpteur, installateur, Tadashi Kawamata choisit un élément (chaise, planche) qui devient le module de base d'une immense construction. Il élabore son installation par multiplication et par assemblage de l'élément et donne ainsi une sur-dimension aux matériaux utilisés comme au lieu investi.[] Kawamata sculpte l'architecture, l'espace urbain, l'environnement avec des matériaux pauvres et de récupération : bois de charpente, cartons, vieux journaux, cagettes usagées deviennent autant de modules de base pour former des volumes étonnants en dialogue avec les lieux investis. L'artiste modifie les espaces sur lesquels il intervient, en créant des excroissances comme des nacelles nichées en hauteur, des passerelles suspendues, des observatoires, qui perturbent l'ordre établi et questionnent notre regard sur notre environnement.

 

Autres travaux de l'artiste :

Cet artiste n'a pas troujours travaillé de la même façon bien que les planches de bois bruts soient devenues rapidement le matériau principal de ses œuvres. Très vite il s 'est mis à construire des structures collées à des architectures pour venir perturber et changer le sens des formes en places. La notion d'abri, de protection ephémère revient régulièrement dans ses œuvres, en voici quelques exemples réalisés dans des lieux sans valeur particulière ou dans lieux chargés d'histoire comme des châteaux ou des églises.

Field Work in Chicago, 1990

Field Work in Graz (Autrich), 2005

Favela Group, Zurich, 1992

Le Passage des chaises II, Reims, 2007

 

« Pour moi, il n’y a pas d’art solitaire ou narcissique. Je travaille avec les gens et pour les gens. Mon travail étant devenu quasiment planétaire, je voyage d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. Je suis moi-même devenu un errant, un marginal, un drifter, un outsider par rapport à la société établie (…). Pour moi la fin de l’art n’est pas de fabriquer des objets à exposer, mais d’établir une relation entre les hommes et les femmes au cours d’un travail qui se construit en commun, jour après jour ».

Tadashi Kawamata

 

 

Pour Approfondir :

Tadashi Kawamata : Berlin Tree Huts

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Site de l'artiste : cliquez ici 

 

Mots clefs :

Oeuvre in situ, Art éphémère, matériaux pauvres

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