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XIXème siècle

années 2000

Le Lac des Cygnes/Black Swan

Le corps mis en scène

 

Le Lac des Cygnes 

musique : Piotr Ilitch Tchaïkovski, 1875-1876

Chorégraphie : Marius Petipa

ballet en 4 actes de 2h30

 

Sitôt prononcé le mot «ballet», tout un chacun pense aussitôt : Le Lac des Cygnes. Il n’existe aucune oeuvre aussi emblématique de la danse classique que cette chorégraphie écrite sur une musique de Tchaïkovski

 

Le Lac des Cygnes a été mis en scène pour la première fois en 1877 au théâtre du Bolchoï à Moscou. 

 

La première représentation fut un échec cuisant ; en cela, rien de surprenant, le talentueux compositeur avait complètement négligé la plupart des traditions du ballet de son époque. 

En fait, cette oeuvre grandiose conquit la scène seulement après la disparition du créateur, symbolisant ainsi les contradictions de l’Art russe de ce siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Piotr Ilyitch Tchaikovski

 

Après des études de droit Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893) se forme au conservatoire de Saint-Pétersbourg où il étudie la composition avec Anton Rubinstein. Il obtient en 1863 une chaire d’harmonie à la société musicale russe de Moscou.

Quelques années plus tard, dégagé de soucis matériels, grâce au soutien de son mécène Nadejda von Meck et à la pension à vie que lui verse le tsar Alexandre III, il crée une oeuvre féconde riche de plus de douze opéras et quatre-vingt numéro d’opus. Avec Le Lac des cygnes (1877), La Belle au bois dormant (1890) et Casse-noisette (1892), il est le premier compositeur russe à donner au ballet sa pleine dimension orchestrale.

 

 

Marius Petipa

Marius Petipa (1818-1910) est originaire de Marseille. Issu d’une famille de danseurs, il débute sa carrière à Bruxelles, Bordeaux et Nantes avant de tenter sa chance à New York en 1839. Il rejoint ensuite Auguste Vestris à Paris et passe quelques temps en Espagne. En 1847, il est engagé comme premier danseur à Saint-Pétersbourg. En 1850, il assiste Jules Perrot dans Giselle à Paris et produit en 1858 son premier ballet en Russie : Un mariage sous la Régence.

Il devient maître de ballet des Théâtres impériaux en 1862 - succédant à Arthur Saint-Léon - et chorégraphe en titre en 1870. Il s’impose alors comme l’ordonnateur de grands ballets spectaculaires, alliant la pureté classique importée de France à la virtuosité italienne teintée de folklore. De ce métissage naîtra « l’école russe». Ainsi crée-t-il une cinquantaine de ballets, dont La fille du pharaon (1862), Don Quichotte (1869), La Bayadère (1877), Cendrillon (1893), Raymonda (1898), et deux oeuvres créées avec Lev Ivanov, Casse-noisette (1892) et Le Lac des cygnes (1895). 

 

 

L'histoire (l'argument) :

Le jour de sa majorité Siegfried apprend que le lendemain, il devra choisir son épouse au cours d’un grand bal. Voyant passer dans le ciel une nuée de cygnes, il part à la chasse avec ses camarades. Une fois atteint le lac des cygnes, il épaule son arbalète. Aussitôt les cygnes se transforment en ravissantes jeunes filles. Parmi elles, la princesse Odette, victime d’un sortilège qui ne prendra fin que le jour où elle sera mariée. Le lendemain, jour du bal, survient le sorcier Rothbart accompagné de sa fille Odile, sosie d’Odette. Trompé par la ressemblance, Siegfried la choisit pour épouse.

 

 

 

 

 

 

La danse dans le ballet

- On parlera de danse « néo-romantique » résultant des apports français, russes et Italiens et d'une recherche de la technicité : (ondulation des bras, engagement des coudes, port de la tête, courbé du dos, glissement des pas, tutu (plus court). 

 

Voici quelques expressions couramment utilisées dans la pantomime que l’on retrouve dans Le Lac des cygnes :  

- Belle ou jeune fille : avec le dos de la main, on dessine un cercle au dessus de sa tête, le majeur suivant exactement le trajet du visage. 

-  Souvenir : on se touche le front avec l’index. 

-  Princesse : on lève les bras et on porte les mains au-dessus de sa tête comme si elles tenaient une couronne. 

-  Tristesse : le doigt suit la trace des larmes qui théoriquement coulent le long des joues. 

-  Amour : on porte les deux mains à son coeur. 

 

Innovations

- technique améliorée du chausson,

- rôle masculin plus technique (portés acrobatiques, sauts du danseur)

- corps de ballet sur pointes, saut de chat.

- l'utilisation des pointes est adapté au sens : dans l'acte 3, la pointe plante agressivement la danseuse dans le sol.

 

- L'utilisation de l'en-dehors pour les danseurs « nobles » (Siegfried et Odile/ette)

- Pieds parallèles pour les danseurs folkloriques.

- La technique et l'interprétation sont intimement liées : le geste technique chargé d'émotion prend le relais de la mimique et du geste mimé.

L'expression vient de la danse elle-même plus que de la pantomime. 

Expression de l'effroi, du désir, de la protection… des états physiques : le réveil, la mort, l'abandon.

- C'est aussi les conceptions wagnériennes de l'Art total qui se réalisent : (effets spéciaux, décors somptueux, mélange des arts).

 

 

 

 

 

 

Black Swan  

Darren Aronofsky, 2011

Drame américain, 108 min

 

Black Swan est un film tourmenté au décryptage pas forcément évident.

 
Nina est une jeune danseuse passionnée, qui rêve de décrocher le rôle principal du Lac des Cygnes : un rôle double dans lequel la danseuse choisie incarne le cygne blanc et le cygne noir. Son voeu est exaucé, mais bien vite, tout ne se passe pas comme prévu. L'ascension de la star devient aussi une descente aux enfers. 

 

Black Swan est un film qui étudie la psychologie tourmentée de la danseuse Nina. 

 

 

 

 

Si on se penche un peu plus sur l'histoire de lac des cygnes, voilà ce que l'on a : une jeune fille se transforme en cygne blanc et tombe amoureuse du prince. Mais le prince tombe amoureux du cygne noir. La jeune fille transformée au cygne blanc se tue de chagrin. 
C'est l'histoire qu'on observe sur scène pendant le film et dans les coulisses.

En effet, Nina, en cygne noir, remporte les applaudissements du public et du chorégraphe Thomas. Elle se rue d'ailleurs vers lui pour l'embrasser : le cygne noir a séduit Thomas. Pour le dernier acte, Nina redevient le cygne blanc et, blessée au ventre, meurt, ou en tout cas passera par l'hôpital. 
Toute l'histoire du film s'est donc déroulée comme l'histoire dans l'histoire. 
Le rôle double a été plus fort que Nina.

 

Bien sûr Aronofsky abuse des miroirs, mais c'est pour la bonne cause. 
Ainsi, dès le départ, la mise en scène nous suggère que Nina est double. Bientôt, elle devient même triple, quadruple, etc, les reflets se démultipliant au fur et à mesure des scènes jusqu'aux effrayantes scène de dédoublement pur : Nina se regarde dans la glace, sans bouger, et son reflet bouge. On est presque dans le film d'horreur à ce stade là. 
On peut aussi remarquer que très souvent, Nina se croise elle-même ! Dans le tunnel du métro, elle croise une femme qui a son visage. Lorsqu'elle est dans sa chambre avec Lily, Lily prend les traits de Nina. 
Nina est donc soumise à un dédoublement permanent, d'autant que toutes les danseuses se ressemblent, et que sa mère est comme le reflet de la Nina à venir. 
Ses hallucinations, calmes au début du film, se démultiplient dans la dernière demi-heure et deviennent ensanglantées : c'est la vieille danseuse Beth qui apparaît dans le fond de la cuisine, par exemple. Nina n'arrive plus à tenir sa personnalité noire : celle-ci s'engouffre et fait disparaître son cygne blanc.  

 

 

 

Analyse comparée

Le Lac des Cygnes

de Tchaïkovski

 

Black Swan

de Darren Aronofsky

 

 

Technique

- Représentation publique filmée.

- La caméra filme ce qu'il se passe sur la scène selon différents plans (gros plans, plans rapprochés, plans moyens et plans d'ensemble).

- La caméra est fixe ou légèrement mobile.

Mise en scène

- Musique d'ouverture.

- Le prince dort à gauche de la scène, un texte s'affiche sur l'écran.

- La princesse entre en scène (plan d'ensemble, plan rapproché, gros plan), solo de danse.

- Entrée du sorcier par la gauche, avec un grand manteau et le regard menaçant, il ressort (la musique s'assombrit, différents plans et points de vue).

- La musique s'accélère, c'est l'attaque : en haut des marches, le sorcier tourne autour de la princesse agitant son manteau comme des ailes de chauve-souris.

- Ils sautent tous les deux de l'escalier et s'envolent, la princesse a été changé en cygne (grand manteau blanc, elle agite les bras comme des ailes).

 

 

 

Cette scène est filmée en plusieurs plans : montage.

 

 

 

 

Scènes d'ouverture

 

Technique

- Film de cinéma tourné dans des décors

- La caméra filme son personnage et le suit dans ses mouvements.

- La caméra est mobile (caméra à l'épaule : le caméraman porte la caméra et suit les personnages)

Mise en scène

- Même musique d'ouverture. Ajout de bruitages (respirations, bruit d'ailes...)

- La princesse est seule, en lumière dans un espace obscur, solo de danse.

- Gros plan sur ses jambes qui effectuent des pas de danse grâcieux et légers, pointes (la caméra les suit). Elle s'assied, on découvre son visage serein.

- la musique s'assombrit, on suit le sorcier qui va à la rencontre de la princesse.

- La musique s'accélère, c'est l'attaque : le sorcier se transforme (effet spécial), danse en duo (pas de deux), la princesse ne peut s'enfuir, elle est envoutée par le sorcier, la caméra tourne autour des personnages (renforce l'intensité dramatique de l'attaque)

- Soudain, la princesse a changé de costume (des plumes volent, montage) et fait des mouvements de bras pour signifier les ailes d'un cygne.

 

Il s'agit quasiment d'un plan-séquence (plan sans coupure) hormis pour les transformations.

 

 

 

 

 

Entrée du Cygne noir

 

Technique

- Représentation publique filmée.

- La caméra filme ce qu'il se passe sur la scène selon différents plans (plans moyens et plans d'ensemble).

- La caméra est fixe ou légèrement mobile (panoramique).

Mise en scène

- Musique du Cygne noir

- Entrée du cygne noir, pas de trois (cygne noir, prince et le sorcier)

- Mouvement des bras signifiants des ailes de cygne.

- danse rapide et précise

 

 

 

 

 

Technique

- Film de cinéma tourné dans des décors

- La caméra filme son personnage et le suit dans ses mouvements.

- La caméra est mobile (caméra à l'épaule : le caméraman porte la caméra et suit les personnages)

Mise en scène

- Même musique + bruitages (grognements animales, applaudissements du public...)

- La caméra tourne autour du cygne noir (rapidité, envoutement...)

- Gros plans sur le visage du cygne noir (yeux maléfiques) et sur ses bras (transformation : plumes)

- On voit ici l'envers du décor entre les deux passages du cygne noir : pour montrer que sa transformation animale ne se joue pas uniquement sur la scène, mais est aussi vécue par la danseuse.

- 2ème entrée en scène, la transformation s'opère, ses bras se couvrent de plumes et deviennent des ailes (effets spéciaux).

- la caméra filme le cygne noir de dos, face au public.

 

 

 

 

 

Le Lac des Cygnes

Pas de quatre des jeunes cygnes

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