HISTOIRE DES ARTS 2015
XIXème siècle
La Tour Eiffel
La Tour Eiffel
Gustave Eiffel, 1897-1889
architecture métallique en fer puddlé, 324m de haut, base carrée de 125m
Champ de Mars, Paris
L'architecte :
Gustave Eiffel naît le 15 décembre 1832 à Dijon, et meurt le 17 décembre 1923 à Paris. Il effectue ses études d’ingénieur à l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, à Paris, dont il sort diplômé en 1855.
Il démontre très tôt un talent évident pour la construction métallique, alors en plein essor. A peine âgé de 33 ans, et déjà reconnu pour plusieurs réalisations ferroviaires, il fonde sa société avec laquelle il triomphera dans l’architecture de fer, équipant le territoire de nombreux ponts, viaducs, gares ou galeries.
Sa carrière de constructeur est marquée par bon nombre de réalisations
novatrices : 1876, le viaduc de Porto sur le Douro ; 1884 celui de Garabit ;
il crée aussi l’ossature de la Statue de la Liberté à New York,
la gare de Pest en Hongrie, la coupole de l’observatoire à Nice et bien sûr
la Tour Eiffel qui le rendra célèbre dans le monde entier...
Ce sont deux ingénieurs de Gustave EIFFEL, Maurice KOECHLIN et Emile NOUGUIER qui vont lancer les premiers l’idée d’une tour de grande hauteur dont ils espèrent faire le clou de l’exposition universelle de Paris en 1889.
Avec ce projet, EIFFEL remportera le concours en vue de l’exposition universelle de 1889, concours destiné à promouvoir le savoir faire technologique français et à accroître son prestige aux yeux du monde entier.
Le chantier de construction débute le 28 Janvier 1887, les travaux dans leur totalité dureront 2 ans, 2 mois et cinq jours...
La tour EIFFEL est inaugurée le 31 Mars 1889 à l’occasion d’une fête de fin de chantier, 250 ouvriers auront participé à sa construction.
Le Contexte :
Les expositions universelles sont à la mode! En effet, véritable vitrine pour le pays organisateur, c’est l’opportunité de montrer aux voisins une avancée technologique, scientifique, et donc économique.
Dans ce contexte, à l’occasion du centenaire de la Révolution française, Jules Ferry signe en 1884 un décret instituant l’exposition universelle de 1889.
Deux ingénieurs de l’entreprises Eiffel, Emile Nouguier et Maurice Koechlin, se penchent sur le projet d’une « tour de 300 mètres », comme ils l’appellent, pour marquer l’événement. Gustave Eiffel, qui n’a donc pas conçu le projet, s’associe à ses collaborateurs avec passion et enthousiasme, et réussit même à convaincre les autorités de lancer un concours officiel pour l’élévation de cette tour.
Malgré une sérieuse concurrence (plus de 100 projets déposés), c’est bien Eiffel qui remporte la mise et peut donc concrétiser les recherches déjà avancées.
Stephen Sauvestre s’associe aux ingénieurs pour l’esthétisme art nouveau.
En janvier 1887, les travaux de fondation démarrent, puis les bases des 4 piliers métalliques sont coulés, ce sont des blocs de béton de 25 x 4 m ! Il ne faudra ensuite que 21 mois, une véritable prouesse, pour l’achèvement du chantier, en mars 1889.
La Tour Eiffel est devenu un véritable symbole national.
Devant être à l’origine démantelée au bout de 20 ans, l’édifice a été conservé pour ses fonctions scientifiques (antenne radio, études météorologiques, etc).
Elle mesurait à l’origine 312m, mais elle culmine aujourd’hui à 324m avec ses 116 antennes !
Jusqu’en 1930 avec l’élévation du Chrysler Building de New York, elle était l’édifice le plus haut du monde.
Voici quelques chiffres qui donnent le vertige : 1er étage à 57m, 2ème étage à 115m, 3ème étage à 276m, 18 038 pièces en fer, 10 100 tonnes, 2 500 000 rivets, 1 665 marches, 60 tonnes de peinture nécessaires, 336 projecteurs et 20 000 am- poules, plus de 7 000 000 de visiteurs par an...
"Une épaisse fumée de goudron et de houille prenait à la gorge, tandis qu’un bruit de ferraille rugissant sous le marteau nous assourdis- sait. On boulonnait encore par là. Des ouvriers, perchés sur une assise de quelques centimètres, frappaient à tour de rôle de leur massue en fer sur les boulons. On eût dit des forgerons tranquillement occupés à rythmer des mesures sur une enclume, dans quelque forge de village, seulement ceux-ci ne tapaient point de haut en bas, verticalement, mais horizontalement, et comme à chaque coup des étincelles partaient en gerbes, ces hommes noirs, grandis par la perspective du plein ciel, avaient l’air de faucher des éclairs dans les nuées."
Texte du journaliste Emile Goudeau visitant le chantier au début de 1889
"II suffit d’ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ain- si qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasant de sa masse barbare : Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée."
Lettre de protestation contre la Tour, collectif d’artistes (Maupassant, Garnier, Dumas...),
journal Le Temps, 14 février 1887
Analyse Formelle
-le premier étage est de 57 mètres, le second de 115 mètres et enfin le dernier culmine à 276 mètres de hauteur.
-la base de l’édifice est constituée de quatre piliers en maçonnerie qui descendent en profondeur dans le sol jusqu’à –15 mètres.
Ces piliers sont reliés entre eux par des arches.
-chacun de ces piliers est composé de quatre pieds (ou arbalétriers).
-la tour est entièrement composée de pièces métalliques rivetées.
-le premier étage d’une superficie de 4220 mètres carrés peut supporter la présence d’environ 2500 personnes en même temps. Il dispose d’une galerie circulaire qui permet une vue à 360° (présence de longues-vues). Les noms de 72 personnalités du monde scientifique des 18ème et 19ème siècles sont inscrits en lettre dorées face à l’extérieur. Ce premier étage abrite également un restaurant renommé.
-le second étage d’une superficie de 1650 mètres carrés peut supporter quant à lui la présence d’environ 1600 personnes à la fois. C’est de celui-ci que la vue est la meilleure, des hublots vitrés ont été installés dans le plancher afin de permettre une vue en plongée jusqu’au sol. Des grilles de protection sont présentes afin d’empêcher les tentatives de suicide ou d’exploits sportifs. Un restaurant gastronomique est également situé à cet étage.
-le troisième étage d’une superficie de 350 mètres carrés peut de son côté supporter la présence simultanée de 400 personnes environ. Accès par ascenseur uniquement, une plate-forme (appelée faussement « 4ème étage » est présente.
-le haut de la tour comporte un mât de télédiffusion et une profusion d’ antennes.
Interprétation
La première moitié du 19 ème siècle est caractérisée par la révolution industrielle symbolisée par l’essor de la métallurgie.
-il s’agit donc aussi d’une révolution des matériaux.
-le fer laminé va ainsi peu à peu remplacer la fonte utilisée jusque là. Il a comme atouts sa plasticité, sa résistance, son incombustibilité et il est surtout plus économique à produire...
-en Angleterre c’est le Crystal Palace qui est le premier exemple marquant de cette nouvelle méthode de construction.
-en France, l’exposition universelle de 1889 (année du centenaire de la révolution française) est entièrement dévolue au fer, la tour de 300 mètres d’EIFFEL devant en être le clou. Cette « dentelle de ferraille » ayant pour but de rehausser le prestige de la nation.
Citations
La tour EIFFEL a fait l’objet au cours de son existence de nombreuses représentations artistiques :
En peinture : Henri RIVIERE « 36 vues de la tour Eiffel » lithographies 1902
Georges SEURAT « la tour Eiffel » huile sur panneau 1889
Henri ROUSSEAU « la tour Eiffel » huile sur toile 1898
Raoul DUFY « la tour Eiffel » aquarelle 1935
Marc CHAGALL « les fiancés de la tour Eiffel » huile sur toile 1939
Guillaume APPOLINAIRE « calligrammes »
Robert DELAUNAY « la tour Eiffel » huile sur toile 1926
En photographie : Robert DOISNEAU « tour Eiffel gondolée » 1965
Marc RIBOUD « le peintre de la tour Eiffel » 1953
André KERTESZ « shadows » 1929
Henri SILBERMAN « la tour Eiffel »
En cinéma : la tour apparaît dans de nombreux films comme « la guerre des mondes », « les aristochats », « le loup garou de Paris », « condorman » comme sur de nombreuses affiches de films...
En publicité : elle est présente dans de nombreux spots ou clips publicitaires notamment sur de grandes marques de cosmétiques ou de haute couture comme CHANEL, GAULTIER etc...